Quand la Chine rencontre le Pere Noel
Il y a Beaucoup de monde dans les centres commerciaux et les karaokés en cette fin d’année, les Chinois fêtent Noël de plus en plus chaque année … à leur manière.
D’un côté, les acheteurs compulsifs, ceux qui dévalisent les grands magasins, de l’autre les pourfendeurs des dérives mercantiles. Noël ouvre comme tous les ans les débats entre les partisans de la dinde au marron et de la messe de minuit, contre les lassés du réveillons chez les grands-parents. En Occident, du moins.
Bonnes fêtes au Chinois, qui adoptent chaque année un peu plus la coutume hivernale, et ne s’embarrassent pas des polémiques. Noël est une fête moderne, la seule tradition qui tiennent : acheter et boire un bon coup.
Shopping et Karaoké
Ceux qui recherchent la tranquillité pour fêter Noël ferait bien de s’éloigner des grandes villes chinoises. A Pékin, Shanghai ou Chengdu, les hauts parleurs des restaurants sont saturés de « Jingle Bells » et « Douce nuit », et les grands magasins n’ont pas eu la main légère dans leurs décorations. Décoré de guirlandes et de faux sapins, les centre commerciaux se sont habillés de rouge et de vert ces dernière semaine, et ont rarement été aussi remplis.
Noël est devenue un prétexte venu d’occident pour déplacer les nouvelles classes moyennes, qui ne sont pas habitués à des dépenses festives. Faire changer ces habitudes, c’est la mission d’un marketing offensif déballé à l’approche du 25 décembre. Les marques étrangères appuient avec intérêt l’invasion des sapins et associent le Père Noël à leurs mascottes déguisés en lutin.
Starbucks signe par exemple une campagne « de masse » sur les mobiles et réseaux sociaux, en offrant des cadeaux de Noël aux internautes qui tweet depuis les cafés de la chaîne. Le but ? S’approprier la fête auprès du consommateur, à qui on aura moins de mal qu’ailleurs à faire accepter que Noël est une fête commerciale. La guerre fait rage, tous les gros bonnets américains ou européens veulent leur part de la bûche et investissent dans des panneaux et des spots télés pour s’afficher aux couleurs de la fête (voir la vidéo de KFC)
Les publicités touchent apparemment leur but. « Cette année, avec toutes les promotions de Noël, je me suis dit que c’était une bonne occasion d’acheter des vêtements pour offrir à mes enfants », explique un habitant de Taiyuan à l’agence Xinhua. Les médias Chinois se font l’écho de cet engouement, en insistant sur le bénéfice pour les commerces locaux :« Les cloches de Noël sonnent dans le business chinois », titre l’agence d’état.
Dans les magasins ou sur Internet, on compte 10% de clients en plus par rapport à l’année dernières. Les millions d’acheteurs ne croient pas pour autant au Père Noël : beaucoup des cadeaux achetés seront offert pour le nouvel an lunaire, dans moins d’un mois. Il n’en reste pas moins qu’avec sa barbe placardé sur tout les encarts publicitaires, le symbole de la consommation à l’occidental a fini par avoir une bonne réputation auprès de Pékin.
Côté célébrations, le soir de Noël est loin d’être réservé à la famille. Cette fête, « à la mode parce qu’elle est célébrée tout autour du monde » est une « bonne occasion de se rapprocher de ses amis », explique Melle Qu au Christian Science Monitor. Les karaokés, bars et restaurants seront donc bondés dans les grandes villes chinoises, le soir du 24 décembre.
« Noël est une bonne opportunité de faire les dingues », explique la Pékinoise. Attendez vous donc à des fêtes qui durent jusque tard et empiètent dans la rue. Là aussi, c’est une bonne nouvelle pour les établissement locaux. Les autorités se frottent les mains, mais savent aussi arrêter la fête.
Pas de fêtes pour les ouvriers
En revanche, la fête bat son plein dans les usines chinoises, et depuis plusieurs mois déjà. 4 millions d’ouvrières et d’ouvriers ont du travailler et produire 90% des jouets commandés par les européens, ou encore 85% des faux sapins vendus dans le monde. Comme chaque année, Noël est Made in China. (voir la vidéo)
Les ONG internationales ont cette année encore dénoncé l’impact de la fête sur les conditions de travail en Chine. Les appels au boycott se multiplient et trouvent quelques échos en Occident, pendant que la consommation chinoise explose.
Les Chinois se mettent donc à croire au père noël : le Père Noël aux caractéristiques chinoises. « Zhu nimen sheng dan jie kuai le », donc.