Quand l’occident s’en mêle – (De 1839 à 1901)

  • Première guerre de l’Opium (1839-1842)
    En 1839, un envoyé impérial fait saisir et détruire 20 000 caisses d’opium à Canton pour les bruler. C’est un affront à l’orgueil des Anglais qui ripostent en envoyant leurs canonnières vers l’embouchure du Yang Tsé. Ces opérations aboutissent en 1842 à la défaite  chinoise et la signature du traité “inégal” de nankin. La Chine doit accepter de supprimer le système de “Compradores” (intermédiaires commerciaux chinois), d’ouvrir de nouveaux ports au libre commerce étranger : Shanghai, Amoy (Xiamen), Fuzhou et Ningbo. En outre, les résidents étrangers ne relèvent désormais  plus de la juridiction chinoise, mais sont sous la protection de l’extraterritorialité. Enfin, Hong-Kong est cédée à la Couronne britannique.

  • Révolte des Taiping (1850-1864)
    Incapable de repousser les envahisseurs , la dynastie mandchoue était en train de perdre son prestige de “mandat du ciel” et la face vis-à-vis des Occidentaux. La secte des Taiping (Grande Harmonie) est l’héritière d’anciennes sociétés secrètes, dont les membres veulent libérer la Chine des Mandchous. A partir de 1850, le mouvement s’étend très vite dans la Chine du Sud et aboutit à la création d’un véritable état dissident ayant pour capitale Nanking. En 1864, après des années de guerre civile, la rébellion est finalement matée par le pouvoir mandchoue grâce à l’aide de militaires occidentaux. Mais il y eut d’autres soulèvements populaires s’attaquant à l’ordre établi et aux classes possédantes, dont les Nian dans le Nord en 1853-1868, les Miao dans le Guizhou en 1855-1872 et des hui musulmans dans le sud ouest en 1855-1878 (dans le Yunnan, à Dali, ils tentent d’établir un sultanat dissident). Dans les villes de la cote, à Shanghai, à Amoy et Canton, les adhérents secrètes antimanchoues, organisent une série de soulèvements. “L’assistance technique” des occidentaux aux cotés des impériaux contribua à la défaite de toutes ses insurrections.

  • Seconde guerre de l’Opium (1856-1860)
    Prenant un incident comme prétexte, les Anglais passent à nouveau à l’offensive, avec le concours des Français cette fois ci. Ils débarquent d’abord à Canton, puis en Chine centrale et enfin en direction de Pékin qui sera pillée en 1859. Cette seconde guerre de l’Opium se solde, à l’avantage des Occidentaux, par le traité humiliant de Tianjin. Onze nouveaux ports sont ouverts et la Chine est forcée de laisser s’installer à Pékin des “légations occidentales”. Les russes en profitent également pour occuper de vastes territoires dans le Nord. Ces “traités inégaux” arrachés à la Chine. La souveraineté chinoise est fortement diminuée avec les “concessions” étrangères, les privilèges d’extraterritorialité” et la “politique de la canonnière “ (le droit des flottes étrangères de remonter les fleuves chinois).

  • Pillage de Pékin et sac du Palais d’été (1859)
    Le corps expéditionnaire franco-britannique entre alors dans Pékin. Après la prise de la capitale par les alliés, le traité de paix accorde la péninsule de Kowloon à l’Angleterre. Les puissance occidentales profitent de la crise intérieure et de la faiblesse du pouvoir mandchou pour faire échouer le plan de modernisation de la Chine en 1872. Les humiliations sont encore suivies par des conflits désastreux avec la France et le Japon. La guerre franco-chinoise est la conséquence directe de l’intervention française au Tonkin. En 1884, les français bombardent Fuzhou et bloquent les transports de riz vers Pékin. La France obtient des avantages économiques dans la Chine du Sud Ouest. La flotte moderne que la Chine avait construite après la destruction de l’arsenal de Fuzhou par les français ne résiste pas aux canons japonais. Le vainqueur annexe Taiwan et les iles pescadores, s’assure le contrôle des richesses de la mandchourie. Le traité de Shimonoseki en 1894 permet au japon de participer au “dépeçage” de la Chine.

  • Les Concessions étrangères (1896 et 1902)
    Les puissances étrangères se font reconnaitre le droit d’exploiter des mines, d’ouvrir des lignes de chemin de fer et de fonder des usines dans des “zones d’influences”: la Mandchourie au bénéfice de la Russie qui écarte le Japon en 1896, la péninsule du Shandong en faveur de l’Allemagne, le bassin du Yang Tsé ou s’installe l’Angleterre, et les trois provinces du Sud Ouest pour la France, déjà maitresse du Tonkin. Ces investissements financiers sont protégés par des bases militaires sur le sol chinois, les “territoires à bail” : Port-Arthur (Dalian) pour la Russie, Weihaiwei pour l’Angleterre, Qingdao (Tsingtao) pour l’Allemagne, Guanzhouwan pour la France.

  • Révolte des boxers (1900-1901)
    Cette poussée occidentale en Chine provoque une violente réaction populaire. le mouvement des boxers (justices et concorde), une milice de paysans, veut chasser les “Barbares” de leur terre. Les premières victimes sont des missionnaires occidentaux. des incidents graves avaient déjà eu lieu, en particulier le massacre de plusieurs religieux et du consul de France de Tianjin en 1870, mais ce nouveau mouvement antichrétien de 1898-1900 est d’une ampleur beaucoup plus grande. La secte des boxers, apparentée au lotus Blanc (Triade), pratiquait  les arts martiaux sous forme de boxe sacrée et était censée posséder des pouvoirs magiques la rendant invincible.
    Au début de 1900, les boxers attaquent Pékin et la cour impériale évacue la Cité interdite. Les révoltés assiègent pendant quarante jours le quartier des légations étrangères. Les boxers finissent par être dispersés par une colonne d’armée  internationales sous commandement allemand, en accord avec le pouvoir impérial. Les Occidentaux pilleront une fois de plus la Cité interdite abandonnée par l’empereur et l’impératrice douanière Cixi. L’effacement du gouvernement mandchou confirmait la perte de son pouvoir.
    En 1905, il avait laissé passivement les Japonais se battre contre les Russes sur le sol chinois pour la possession de la Mandchourie et s’emparer de Port-Arthur (Dalian). Dans la même année, l’interdiction renouvelée par les états Unis de l’immigration chinoise avait provoqué un vigoureux mouvement populaire en chine, sans réaction de la part du gouvernement. La Russie prend le contrôle de la Mongolie extérieure en 1911, l’Angleterre celui du Tibet en 1914.
    En 1908 meurt la terrible impératrice douanière Cixi (née en 1835), une concubine qui s’était emparé du pouvoir en 1875 en emprisonnant son neveu, l’empereur Guangxu. Elle avait gouverné “derrière le paravent” avec rigidité, et écrasé plusieurs tentatives de modernisation du pays. Cixi finit sa vie comme locataire-otage des occidentaux dans son propre palais. Un enfant de trois ans, Pouyi, lui succède sur le trône. Les occidentaux le laissent jusqu’en 1924 dans la cité interdite.
    En 1911 c’est la chute de l’Empire chinois, et la fin de plus de 2 000 ans de régime monarchique. Cette année marque également le début de l’époque des seigneurs de la guerre, qui vont régner en semant la terreur dans le pays.