Qui sont ces milliardaires chinois ?
La Chine est le grand marché d’avenir pour tout le secteur du luxe. Certains spécialistes français tentent d’en percer les secrets.
Ils vivent dans de magnifiques châteaux à la française, achètent des produits de luxe européens et s’offrent les tableaux des derniers artistes contemporains. Ces nouveaux riches chinois. Issus de la nouvelle génération, sont les “enfants de hauts fonctionnaires”, qui, paradoxalement, appartiennent au Parti communiste chinois, rattrapent le temps perdu durant la révolution culturelle. Louis Vuitton, Prada, Gucci… Les plus grandes marques européennes sont très apprecies par les Chinois, toutes considèrent ce marché comme leur principale source de revenus pour les prochaines années à venir.
Nouvel eldorado
Emmanuel Lincot, fondateur de la chaire des études chinoises contemporaines de l’Institut catholique de Paris, consacre le dernier numéro de sa revue à cette part de la population vivant dans un luxe exorbitant. Dans Monde chinois, nouvelle Asie, il établit les liens qu’entretiennent ces milliardaires avec le luxe. L’enjeu est de taille pour les entreprises françaises de luxe. ” En 2015, les Chinois représenteront 20 % de ce marché”, assure Emmanuel Lincot. Une tendance à l’ostentation qui vaut de l’or pour le secteur. Les caprices des milliardaires chinois sont à la hauteur de leur fortune. L’an dernier, un homme a commandé au carrossier italien Fenice Milano une Abarth 500C avec des inserts en or. Coût : 500 000 euros.
Le luxe s’exporte
Contrairement aux idées reçues, l’empire du Milieu innove et se réinvente. En matière d’art, il “a transformé le pop art de Warhol en nouveau pop art culturel. Les artistes ont lancé le maximalisme face au minimalisme”, souligne Emmanuel Lincot. Le point le plus manifeste reste l’explosion de son marché de l’art. “Les Occidentaux ne sont plus les seuls acheteurs de tableaux contemporains chinois. Désormais, il est prisé par ces nouveaux riches.” À la 3e, 4e et 5e place, les maisons de ventes chinoises s’imposent dans le podium des 10 meilleures maisons de ventes au monde.
Fontainebleau à Pékin
Seul hic pour les marchés occidentaux : les habitudes et les besoins de ces riches ne sont ni définis ni connus. “Nous avons trop longtemps fermé les yeux sur la réalité des évolutions culturelles en Chine.” Il s’agit de localiser les catégories riches. “Paradoxalement, elles restent discrètes. Les milliardaires habitent cachés dans des communities gates”, raconte Guillaume Giroir. Le géographe a répertorié quelques milliers de villas réunies en quartiers sécurisés et fermés. Des châteaux à la française, des constructions pharaoniques avec leurs jardins chinois accompagnés de piscines poussent aux abords des villes comme des champignons, comme à la périphérie de Pékin, où un village de 250 châteaux de style français est sorti de terre. Ces microterritoires forment des archipels, possédant leurs propres golfs et écoles internationales. Grâce à ses données, Guillaume Giroir espère établir une stratégie de géomarketing. Façon “dis-moi où tu habites et je saurai quoi te vendre”.
