La Chine dépendant de son débiteur américain
Les crises économiques précipitent les changements géopolitiques. Les années 1930 avaient accélérées le déclin de la suprématie britannique pour annoncer celui de la présence américaine. La crise actuelle va-t-elle favoriser l’essor de la Chine? Pour le moment, économiquement, les deux pays sont liés par leurs faiblesses.
Avant la crise, on soulignait la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. On voit aujourd’hui que le créancier est tout aussi dépendant de son débiteur : les 3/4 de ses gigantesques réserves de change étant libellées en dollars américain, la Chine est la première à souffrir de la fragilité du billet vert, accentuée par la hausse des dépenses publiques américaines.
Cette dépendance n’est pas seulement financière : pour assurer la croissance, condition de son équilibre social, la Chine a parié sur le développement des exportations. Le freinage de la demande mondiale – notamment américaine – a des conséquences immédiates : quelque 20 millions de travailleurs migrants jusqu’ici employés dans l’industrie auraient été renvoyés dans les campagnes. Enfin, ces deux dépendances sont étroitement liées : si la Chine refusait de financer le déficit américain en cas de reprise de la demande, elle tarirait sa propre source de croissance.
En théorie, il existe 2 moyens de sortir de ce cercle vicieux selon le gouvernement chinois.
Le premier est de voter pour la création d’une monnaie de réserve internationale pour remplacer le dollar – proposé par le président chinois au cours du G20 d’avril – pour sauvegarder la valeur des réserves.
Le second est de réorienter la croissance chinoise vers une élévation plus rapide du niveau de vie de la population.
Mais faire passer un peuple de la misère à une relative prospérité est un exercice à haut risque politique. Le « Budget » de relance, de près de 600 milliards de dollars, est impressionnant, mais l’expérience a montré, en Chine, les effets pervers d’un déversement massif d’argent public : surinvestissement, gaspillages, corruption. Savoir dépenser suppose un minimum de préparation.