Un trafic de diplômes au profit d’étudiants chinois

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Plusieurs universités en France pourraient être concernées par des trafics présumés de diplômes au profit d’étudiants chinois qui auraient versé des sommes d’argent pour les obtenir, le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest.

Des étudiants chinois auraient acheté leurs diplômes à l’IAE de Toulon. L’affaire a éclaté suite à la plainte déposée le 26 mars 2009 dernier par un professeur de l’établissement pour “corruption passive, active et escroquerie”. Ce trafic serait en cours depuis 4 ans et impliquerait plusieurs centaines d’étudiants chinois. Ces derniers auraient versés des pots-de-vin pour obtenir une licence ou un master, avec un coût moyen de 2700 euros par diplôme.

Il semblerait que ce soit des pratiques qui se passent ailleurs en France”, a indiqué le procureur en précisant que des personnes entendues dans le cadre de l’enquête évoquaient “quatre à cinq universités dans des villes moyennes” en France touchées par des trafics similaires présumés.

Un article du Monde met en cause quatre autres universités dans ce trafic de diplômes : Pau, La Rochelle, Poitiers et “une autre en région parisienne”.

L’enquête concernant l’université du Sud-Toulon-Var a été ouverte après la dénonciation d’un enseignant. Ce dernier a affirmé que plusieurs dizaines d’étudiants chinois ont obtenu des diplômes de licences et masters contre le versement de sommes d’argent. Certains de ces étudiants parleraient très mal le français, ce qui semble incompatible avec l’obtention de tels diplômes, a souligné M. Dallest.

Le réseau

Tout a commencé au cours de l’année académique 2004-2005, quand un étudiant chinois, inscrit à l’Institut d’administration des entreprises, éprouvait des difficultés à décrocher sa licence. Dépité, il aurait alors eu l’idée de soudoyer une personne de l’université et ça a marché. Il a fini par obtenir le précieux diplôme à 2.700 euros. Il s’est dit que ça pourrait aider aussi ses compatriotes et il a lancé tout un réseau, d’autant plus qu’un diplôme français est très couru en Chine.

L’affaire a tellement bien marché que d’autres étudiants chinois de cette université s’en étaient émus auprès d’un de leurs profsesseurs et ont saisi leur ambassade. Une plainte a également été déposée au commissariat par deux d’entre eux.

Les “faux” diplôme étaient facturés à 2.700 euros pièce. Environ 650 étudiants chinois sont scolarisés dans cette école, souligne Le Monde , qui évoque également une “fraude possible” dans les universités de La Rochelle, de Pau, de Poitiers et en région parisienne.

Test informatique piraté

Le directeur de l’institut qui a avoué avoir été approché – en vain – par un étudiant chinois, s’est efforcé hier de limiter les dégâts, niant « tout système massif de corruption » et affirmant que la fraude ne concernerait pas plus de 130 diplômes (sur 11.000 étudiants à l’université).

Les trois autres universités se défendent, elles, d’avoir eu vent d’affaires similaires en interne, ou même de contacts avec la justice. Des démentis « formels » ont été publiés par les universités de La Rochelle, de Pau et de Poitiers. Le président de cette dernière, Jean-Pierre Gesson, également en charge des relations internationales au sein de la Conférence des présidents d’université, a dit n’avoir constaté aucun indice troublant au terme de son enquête interne. Mais « cette affaire risque d’être redoutable en termes d’image » pour les universités, regrette-t-il, reconnaissant toutefois que des améliorations pourraient être apportées dans le processus national de sélection des étudiants étrangers.

De fait, aucune université tricolore accueillant des Chinois ne peut affirmer à coup sûr avoir échappé aux dysfonctionnements cette année. Une fraude a été constatée au printemps au sein des centres d’études en France, rattachés à l’ambassade, qui sont chargés de vérifier le niveau de langue des candidats chinois aux départs. Le test informatique piraté a été depuis reformaté. A Toulon, l’IAE admet que 138 étudiants chinois ne parlaient pas correctement le français.

Compenser les baisses d’effectifs

Les universités ne sont pas totalement exemptes de responsabilités non plus. Elles ont massivement ouvert leurs portes aux Chinois ces dernières années (22.452 en 2007, contre 2.000 en 1999). Et certaines se sont montrées peu regardantes pour compenser leurs baisses d’effectifs. Jusqu’à cette année, les dotations ministérielles étaient, en effet, allouées en fonction du nombre d’étudiants et non de leur taux de réussite. La réforme menée cet automne par Valérie Pécresse est censée atténuer cet effet pervers. La ministre de l’Enseignement supérieur s’est à la fois montrée prudente et désireuse de montrer qu’elle prend l’affaire très au sérieux. « Je crois et j’espère qu’il s’agit d’une pratique isolée (…), mais si j’ai le moindre soupçon j’étendrai la visite de l’inspection à toutes les universités concernées, a-t-elle prévenu sur RTL. Il n’est pas question qu’il puisse y avoir en France le moindre soupçon sur la valeur de nos diplômes. »

Taux de réussite des étudiants chinois 50% à 60%

Selon le directeur de l’établissement, Pierre Gensse, l’IAE n’est pas en faute: “le taux de réussite des étudiants chinois est très faible, il est de 50 à 60% alors que les étudiants français ont un taux de réussite entre 80 et 85%”, a-t-il affirmé, précisant que 130 diplômes ont été attribués au total par l’IAE à des étudiants chinois “ces dernières années”.

Pierre

Je m'appelle Pierre, et j'ai consacré une grande partie de ma vie à étudier et à comprendre l'économie chinoise. Diplômé d'un MBA en affaires internationales, j'ai eu la chance de vivre à Shanghai pendant cinq ans. Cette expérience a non seulement approfondi ma compréhension de la Chine moderne, mais elle m'a aussi permis de saisir les nuances complexes de son économie en rapide évolution.

Pierre

Je m'appelle Pierre, et j'ai consacré une grande partie de ma vie à étudier et à comprendre l'économie chinoise. Diplômé d'un MBA en affaires internationales, j'ai eu la chance de vivre à Shanghai pendant cinq ans. Cette expérience a non seulement approfondi ma compréhension de la Chine moderne, mais elle m'a aussi permis de saisir les nuances complexes de son économie en rapide évolution.

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